S. m. (Mythologie) était fille de l'Océan et mère de l'Hydre de Lerne, selon les poètes, qui la changèrent ensuite en fleuve d'enfer. Le Styx, dit Virgile, se repliant neuf fois sur lui-même, tient les morts pour toujours emprisonnés. Le serment par les eaux du Styx faisait trembler les dieux même ; Jupiter, avec toute sa puissance, n'osait y contrevenir. Quand les dieux, dit Hésiode, osaient jurer par le Styx, ils devaient avoir une main sur la terre et l'autre sur la mer.

Le Styx était une fontaine de l'Arcadie septentrionale, près des monts Cylléniens, qui dégoutait d'un rocher extrêmement élevé, et dont l'eau tombait dans le fleuve Crathis. M. Fourmont, en voyageant dans la Grèce en 1730, trouva la ville de Phénéos, après avoir passé le Styx : il appelle ainsi un torrent qui, descendant du Tricara, coule dans trois gros villages, et forme enfin cet étang dont les poètes ont tant parlé.

La description qu'ils en font, dit M. Fourmont, n'a rien de plus surprenant, que ce qu'il présente aux yeux de ceux qui le considèrent. L'eau claire du fleuve s'y métamorphose en quelque chose de très-hydeux. Des couleurs fort déplaisantes à la vue s'y mêlent les unes aux autres ; une mousse épaisse d'un verd d'airain tacheté de noir se promene dessus au gré des vents, et les bouillons qui s'y forment ne ressemblent qu'au bitume et au goudron ; le poisson ne peut vivre dans ce lac, les vapeurs qui s'en exhalent brulent tous les arbres d'alentour, et les animaux fuyent ses bords.

Après ce détail qu'on lit dans l'hist. des Insc. IV. iv. il ne faut plus s'étonner de ce que les poètes grecs et Pausanias lui-même ont dit du Styx. (D.J.)

STYX, (Géographie ancienne) fleuve du Péloponnèse, dans l'Arcadie, au territoire de Nonacris. Il sortait du lac Phénée. Pausanias nous a donné la description de ce fleuve, et rapporte les endroits d'Homère et d'Hésiode, où il en est parlé.

Près des ruines de Nonacris, dit Pausanias, l. VIII. c. XVIIe et XVIIIe une partie de la montagne Chélydorée s'élève prodigieusement, et de son sommet dégoute sans-cesse une eau, que les Grecs nomment l'eau du Styx.

Hésiode, dans sa Théogonie (car quelques - uns lui attribuent cet ouvrage), fait Styx fille de l'Océan et femme de Pallas : l'on prétend que Linus dit quelque chose de semblable dans ses poésies. Pour moi, dit Pausanias, j'ai lu avec soin ces ouvrages, et je les tiens tous les deux supposés. Mais Epiménide de Crète dit aussi que Styx fut fille de l'Océan, et il ajoute que mariée à Piras (on ne sait pas trop qui était Piras), elle enfanta l'hydre. Pour Homère, c'est de tous les anciens poètes celui qui a le plus souvent employé le nom de Styx dans ses vers, témoin cet endroit où il exprime ainsi le serment que fait Junon.

J'en atteste le ciel, la terre et les enfers,

J'en atteste de Styx l'eau qui tombe sans-cesse.

Il semble qu'en homme qui avait Ve les lieux, le poète ait voulu décrire l'eau qui dégoute continuellement de ce rocher. Dans un autre endroit, en faisant le dénombrement de ceux qui avaient suivi Gunéus, il parle du fleuve Titarésius, et en parle comme d'un fleuve qui était formé des eaux du Styx. Enfin quand il nous représente Minerve se plaignant à Jupiter, et lui reprochant qu'il a oublié que c'est par elle et par son secours qu'Hercule était si heureusement sorti des travaux qui lui avaient été imposés par Eurysthée, il fait de Styx un fleuve qu'il place dans les enfers.

L'eau qui dégoutait de ce rocher près de Nonacris, après s'être fait une route à-travers une grosse roche fort haute, tombait dans le fleuve Crathis. Cette eau était mortelle aux hommes et à tout animal, et les chèvres mouraient lorsqu'elles en avaient bu, mais on fut du temps à s'en apercevoir.

Une autre qualité fort surprenante de cette eau, c'est qu'aucun vase, soit de verre, soit de crystal, soit de terre cuite, soit même de marbre, ne pouvait la contenir sans se casser. Elle dissolvait ceux qui étaient de corne ou d'os, elle dissolvait le fer, le cuivre, le plomb, l'étain, l'ambre, l'argent et même l'or, quoiqu'au rapport de Sapho, la rouille ne l'altère jamais, ce qui est aussi confirmé par l'expérience. Cette même eau du Styx n'agissait point sur la corne du pied des chevaux. Un vase de cette matière était le seul où l'on en put garder, et qui résistât à son impression. J'ignore, dit Pausanias, si Alexandre, fils de Philippe, fut empoisonné avec cette eau, mais je sais seulement qu'on l'a dit.

Pausanias aurait dû tenir le même langage de toutes les prétendues dissolutions qu'il vient de raconter, mais il faut pourtant convenir que le Styx inspire de l'horreur. C'est d'abord un gros torrent qui descendant du Tricara, passe dans trois gros villages de Wlaqs, et forme enfin un étang fort vilain. La description que les poètes en font, n'a rien d'aussi surprenant que ce qu'il présente aux yeux de ceux qui le considèrent. L'eau claire du fleuve, dit M. Fourmont, qui était sur les lieux en 1730, s'y métamorphose en ce qu'il y a de plus hideux, toutes les couleurs les plus déplaisantes à la vue s'y mêlant les unes aux autres ; une mousse épaisse d'un verd d'airain tacheté de noir se promene dessus au gré des vents, et les bouillons qui s'y forment ne ressemblent qu'au bitume et au goudron. Le poisson ne peut vivre dans ce lac ; les vapeurs qui s'en exhalent, brulent tous les arbres d'alentour, et les animaux fuyent ses bords.

2°. Styx, marais de la Thessalie. Pline dit que le fleuve Titarésius y prenait sa source, ce qui est en quelque sorte confirmé par Homère, qui appelle ce fleuve Titarésius.

3°. Styx, fontaine de la Macédoine, selon Quinte-Curce, qui pourrait bien par-là entendre le marais Styx, que Pline met dans la Thessalie, ou bien le fleuve Styx dans l'Arcadie. (D.J.)